2025 : Reprise du BTP, tensions opérationnelles et évolution des normes — analyse et enjeux pour les décideurs de chantier

L’année 2025 : une phase de transition majeure pour le secteur du bâtiment

L’année 2025 marque une phase de transition pour le secteur du bâtiment : reprise progressive des permis, pression renforcée sur les délais, complexification technique liée aux normes énergétiques et aggravation de la pénurie de compétences.

Pour les décideurs du BTP (AMO, MOEX, OPC, chefs de projet, responsables de programme), ces tendances obligent à adapter leurs méthodes de préparation, de coordination et de suivi.

Cet article décrypte les 3 phénomènes majeurs de 2025 et propose une analyse consolidée pour anticiper les risques sur vos opérations.


1. Reprise des permis de construire : une hausse d’activité qui fragilise les plannings

En 2025, plusieurs mesures publiques ont relancé la dynamique des projets, notamment dans l’habitat neuf et la rénovation énergétique. Cette reprise est positive, mais elle crée un paradoxe :

→ plus de chantiers, alors que les capacités opérationnelles restent limitées.


Conséquences observées sur le terrain :

  • surcharge des plannings des entreprises générales et des lots techniques
  • augmentation des retards sur les lots CVC, électricité, ascenseurs
  • baisse de vigilance sur la sécurité et le suivi des OPR
  • inflation persistante sur les matériaux techniques (régulation, GTB, ventilation)

Pourquoi les plannings deviennent plus difficiles à tenir ?

L’augmentation des projets s’accompagne d’un manque de ressources humaines qualifiées. La mécanique est simple :

→ plus de chantiers
→ mêmes équipes (ou moins qualifiées)
→ phénomènes d’essoufflement
→ hausse des litiges MOEX / MOE / entreprises.

Recommandations pratiques :

  • sécuriser la planification dès les études APS/APD
  • contractualiser des jalons intermédiaires réalistes
  • renforcer les réunions de coordination inter-lots
  • anticiper les temps de livraison liés aux normes énergétiques 2025
  • intégrer une marge de sécurité sur les pénalités potentiellement activables

2. Pénurie de main-d’œuvre BTP 2025 : le facteur de risque n°1 des projets

C’est le point noir que confirme toute l’actualité du BTP en 2025. Le manque de profils expérimentés atteint un niveau historique.

Chiffres clés (tendances nationales) :

  • plus de 200 000 postes non pourvus en France
  • vieillissement accéléré des compagnons qualifiés
  • hausse de l’intérim et de la sous-traitance en cascade
  • arrivée massive de profils juniors, parfois sans encadrement suffisant

Impacts directs constatés sur les chantiers :

  • finitions et reprises plus nombreuses
  • arrêts de chantier liés à l’absence de personnel
  • dérives qualité (DTU non respectés, essais non faits, réserves non levées)
  • hausse des tensions entre MOEX / MOE / entreprises
  • délais d’OPR rallongés, GPA plus difficile à clôturer

Erreurs fréquentes des décideurs face à cette pénurie :

  • accepter des équipes insuffisamment qualifiées par manque d’alternative
  • ne pas formaliser les écarts qualité dès les premières réunions
  • sous-estimer la dérive des délais liée au manque de ressources
  • négliger la vérification des qualifications sur les tâches critiques (SSI, CVC, étanchéité)

Approche recommandée :

  • vérifier systématiquement la composition des équipes intervenantes
  • exiger la présence de compagnons référents sur les opérations sensibles
  • mettre en place un suivi qualité renforcé dès le GO
  • documenter chaque non-conformité pour éviter les litiges en GPA
  • maintenir un niveau d’exemplarité constant : aucune exigence ne tient si le décideur ne l’incarne pas

3. Normes CVC/Énergie 2025 : RE2020 et durcissement des exigences techniques

Les exigences énergétiques 2025 rendent les projets plus complexes, en particulier pour :

  • les bâtiments tertiaires
  • les ERP
  • les projets à forte inertie thermique
  • les opérations avec contraintes acoustiques ou réglementaires lourdes

Pourquoi ces normes créent des risques supplémentaires ?

  • multiplication des calculs réglementaires
  • exigences plus poussées en ventilation, récupérations, régulation
  • augmentation des risques d’erreurs de dimensionnement
  • interfaces plus sensibles entre lots techniques (CVC / élec / GTB)

Une étude mal dimensionnée peut générer en phase chantier un surcoût de x2 à x5.

Bonnes pratiques recommandées :

  • audits techniques indépendants avant le lancement
  • relecture croisée MOE / contrôle technique / économiste
  • vérification préalable des schémas CVC et notes de calcul
  • check spécifique sur les interfaces (courants faibles, SSI, GTB)
  • suivi renforcé lors des essais et équilibrages

Conclusion

L’évolution du BTP en 2025 entraîne un double défi :
un rebond d’activité bienvenu mais un niveau de complexité inédit.

Les décideurs doivent désormais combiner :

  • anticipation technique
  • gestion humaine
  • posture ferme et exemplaire
  • rigueur documentaire
  • capacité à absorber les imprévus

Le marché repart, mais seuls ceux qui garderont une approche structurée, lucide et exigeante réussiront à livrer correctement tout en protégeant leurs équipes et leurs projets.